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À l’heure où beaucoup revendiquent toutes les influences à la fois (car l’éclectisme est roi), le Trio At Tiffany’s n’a pas peur des siennes. Il donne même des noms : Monk, Giuffre, Tristano, Ravel... Rien de mieux que ces références pour mieux sentir l’originalité d’une formule acoustique toute en finesse, qui tire ses qualités de la cohérence de ses choix. Leur son est un vrai petit nid douillet pour l’oreille, non seulement par l’absence des amplis mais aussi grâce à la limitation voulue de l’amplitude des dynamiques (à ne pas confondre avec les nuances, toujours très présentes). Voilà qui libère des espaces nouveaux pour l’auditeur, qui se concentre plutôt sur la rencontre des lignes, sur la subtilité des mises en place (Blue Spring), sur la saveur des voicings et des rencontres harmoniques (I’m In Spring).
Leur expression est retenue, ce qui ne signifie pas qu’ils fassent couler un filet d’eau tiède, mais parfois le contraire : par la retenue, ils trouvent justement une plus grande concentration (Sad Spring). Leur sens de la joie (Happy New Spring) passe par des échanges de regards complices plus que par de grands éclats de rire, au propre comme au figuré.
Thomas, Jean-Baptiste et Ivan appartiennent à une génération de musiciens de jazz qui n’ont boudé ni le conservatoire ni l’université,  et qui ont fait leur miel des passerelles multipliées entre les genres, les institutions et les pédagogies.  De cette porosité avec le monde « classique » ils ont su garder le meilleur : l’attention au son, un répertoire et une culture,  la passion pour l’écriture. Ils ont accumulé pas mal de technique(s) et d’érudition et pourtant  – ou pour cette raison – ils cultivent une forme d’innocence et de légèreté. Mais attention : une certaine forme de légèreté ne rime pas avec l’insignifiance, comme l’ont fait entendre Monk, Ellington, mais aussi Poulenc à l’autre bord et bien sûr Prokofiev, l’une des sources d’inspiration de Thomas Joffraud (Vision Fugitive n°1).
C’est cette voie qu’ils ont choisi, au risque de ne pas être entendu par tout le monde. Longue vie donc au Trio At Tiffany’s, qui souffle un peu de douceur dans ce monde de brutes ! 





Vincent Cotro  - Jazzmagazine / Jazzman -

« Third stream », le troisième courant… si cette notion de l’histoire du jazz vous est un peu obscure, alors écoutez le trio de Thomas Joffraud et elle prendra tout son sens.

Si prendre une « troisième voie », c’est éviter le conformisme, ne pas s’abandonner aux facilités de la mode ni s’isoler dans une posture trop radicale, si c’est chercher un « ailleurs » créatif sans renier ses influences, alors Le Trio At Tiffany’s répond exactement à cette définition.

Swing - musique de chambre – Prokoviev - léger – précis – primesautier – Monk – ludique - Lennie Tristano – minimal – cultivé – exigeant – frais … cet inventaire à la Prévert pourrait encore s’allonger pour vous montrer toute la richesse contenue dans ce groupe. 

Mais par-dessus tout, Thomas Joffraud réussit ici le pari osé de la mise à nu et de l’expression brute : la musique existe ici sans artifices, sans fioritures maniérées ni pathos encombrant, toujours fine et subtile. 

À un moment où tout semble aller trop vite et en tous sens, le Trio At Tiffany’s propose une musique nécessaire, qui semble vouloir nous inciter à prendre notre temps et savourer le goût des moindres détails. Et ça, c’est précieux ! 

 

 

Cédric Piromalli

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